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Pierre-Pol Lecouturier: (In) Tangible Limits

It is fortunate that the corner space of Ricou Gallery is open to one’s gaze and visit, widely exposed to the light, and also at the same time compartmentalized and fragmented by irregular nooks.

Tangible, the project currently proposed by Pierre-Pol Lecouturier integrates itself in this space and even finds in there the perfect dimension for articulating its reflexive address on space and perception. Indeed, the works of Lecouturier often reflect, whether literally or metaphorically, on the context of the exhibition, they live and unfold solely through their spatial contextualization.

Tangible, as title of this exhibition, may also at first sight seem somewhat paradoxical since the works, in turns both discrete and strangely resilient, are not always directly comprehensible through a rushed glance.

This is particularly the case of Reflect, an anti-reflection glass discreetly positioned on a wall in the back of the first room of the gallery. Asking questions about the manifestation of the object and its recognition, the work, though a tangible object, seems to blend into and highlight the wall that supports it.

This is where it seems appropriate to speak of the “liminal” character of Lecouturier’s investigations. In more than one respect, his work raises the question of limit, of the boundaries of the work, and our perception thereof.

Tangible, the eponymous work of the exhibition illustrates this: it is a glass rod (2x10x800 mm) simply placed on a shelf against the wall. Overhead lighting is oriented so as to create a shadow at approximately 45°. The shadow and the glass thus create an illusion of a triangular surface-object.

A potential expansion (or, conversely, a potential reduction) also characterizes the most scenic and theatrical work of the exhibition: Particules, situated in the basement, consists of a simple delimitation of floor space on which glass micro-beads are spread out. Illuminated by a spotlight, the work plays on the spectrum reflected through the encounter of these two elements, spectrum of which the perception and the limits change with the viewer’s movements in the space.

A work like Corner, rather raise the question of the limits of the exhibition space, which ultimately comes down to a reformulation of the same problematic: Corner is a thin sheet of stainless steel, curved in the angle of two walls. The light it receives seems to condense in the curve of the material.

The proposals of Lecouturier, willingly minimal in their formal vocabulary, have a common element that could be qualified as “performative” in that they activate and modulate themselves in the retina of the viewer, depending on the fugitive interplay of a moment of light, natural or artificial.

In the end, from one proposal to the other (and, in particular, pieces such as You are here will let you discover this), what is involved in the entire exhibition is indeed the apprehension of limits and the relativity of our perception.

Emmanuel Lambion

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FR

Pierre-Pol Lecouturier: (In) Tangibles Limites

Il est heureux que l’espace de la galerie de Sébastien Ricou s’offre au regard et à la visite tel un espace de coin, largement exposé à la lumière, mais aussi compartimenté et fragmenté de recoins irréguliers.

Tangible, le projet qu’y propose actuellement Pierre-Pol Lecouturier en fait son parti et y trouve même la dimension idéale pour articuler son discours réflexif sur l’espace et la perception. En effet, les oeuvres de Lecouturier réfléchissent souvent, que ce soit d’ailleurs littéralement ou métaphoriquement, le contexte d’exposition, elles ne vivent et ne se déploient que par leur contextualisation spatiale.

Tangible, en tant que titre de cette exposition, peut aussi, à première vue, sembler quelque peu paradoxal tant ses pièces, tour à tour discrètes mais aussi étrangement résilientes, ne sont pas toujours directement appréhendables par un regard pressé.

C’est en particulier le cas de Reflect, un verre anti-reflet discrètement positionné sur un mur en retour du premier espace de la galerie. Posant les questions de la manifestation de l’objet et de sa reconnaissance, cette oeuvre, objet pourtant tangible, semble se fondre dans et souligner le mur qui le porte.

C’est ici qu’il nous semble opportun de parler du caractère “liminal” des investigations de Lecouturier. A plus d’un égard, ses oeuvres posent la question de la limite, des frontières de l’oeuvre, et de notre perception de ces dernières.

Tangible, l’oeuvre éponyme de l’exposition, illustre bien cela : il s’agit d’une tige de verre (2x10x800 mm), simplement posée sur une étagère contre le mur. Un éclairage en hauteur est orienté de telle manière à créer une ombre à 45° environ. Ombre + verre créent donc l’illusion d’une surface-objet triangulaire.
Une dilatation potentielle (ou, a contrario, une réduction potentielle) caractérisent également l’oeuvre la plus scénographique et théâtrale de l’exposition: Installée au sous-sol, Particules se compose d’une simple delimitation de surface au sol sur laquelle sont répandues des microbilles de verre. Eclairée ici par un spot lumineux, l’oeuvre joue sur le spectre réfléchi par la rencontre de ces deux éléments, spectre dont la perception et les limites changent au fur et à mesure des déplacements du spectateur dans l’espace.

Une œuvre comme Corner pose, elle, davantage la question des limites de l’espace d’exposition, ce qui revient finalement à une reformulation de la même problématique: Corner consiste en une tôle d’inox de fine épaisseur, courbée dans l’angle de deux murs. La lumière qu’elle reçoit semble se condenser dans la courbe du matériau.

Les propositions de Lecouturier, on le voit, volontiers minimales dans leur vocabulaire formel, ont en commun un élément qu’on pourrait qualifier de “performatif” en ce sens qu’elles s’activent et se modulent dans la rétine du spectateur en fonction du jeu fugitif d’un instant de lumière, naturelle ou artificielle d’ailleurs.

Au final, d’une proposition à l’autre, (et, en particulier, dans des pièces telles que You are here que nous vous laisserons découvrir), ce qui est en jeu dans l’ensemble de l’exposition, c’est bien l’appréhension des limites et de la relativité de notre perception.

Emmanuel Lambion